Quel intérêt à tout ça et comment cela fonctionne ? Pourquoi utiliser une I.A pour réaliser nos travaux ?
“J'ai maintenant des doigts à la place des yeux. Je vois avec mes doigts.”
Sergei, 32 ans, a perdu la vue à 27 ans
Notre intérêt dans ce projet était de développer l'art pour tous, de donner aux personnes handicapées la possibilité d'entrer en contact avec la culture, qui, en théorie, ne peut pas y être incluse. Car des formes d'art telles que l'architecture, la sculpture, la peinture sont inaccessibles aux personnes dont les yeux ne sont pas capables de contempler ce monde en principe, et l'art en particulier. Bien sûr, la littérature et la musique leur sont accessibles, mais combien ils en sont privés (cinéma, ballet, théâtre, art vidéo, etc.). Ainsi, notre tâche principale est de fournir à ces personnes la possibilité d'être enrichies, inspirées et saturées d'art, sous la forme dans laquelle elles peuvent le créer et le voir.
Tout le monde sait que si une personne a des capacités physiques limitées, comme dans notre projet, la vision, dans ce cas, d'autres sens s'intensifient. Ainsi, une personne aveugle sera plus sensible et attentive aux sons, aux sensations tactiles et aux odeurs. On s'est demandé comment on peut montrer un dessin à une personne aveugle avec un toucher ? Comment un aveugle peut-il voir une sculpture ? Comment une personne aveugle peut-elle sentir la ligne ? Tâche ? Sculpture ? Si nous partons de l'idée d'un portrait, l'un des thèmes globaux de l'art, nous nous sommes posé une autre question : comment un aveugle peut-il voir sa propre personne à l'aide d'un dessin ou d'une sculpture ? Comment créer l’autoportrait d'une personne aveugle de façon à ce qu’elle puisse "VOIR", mais d'une manière différente, pas avec ses yeux. Une personne aveugle peut-elle « voir » le portrait d'une autre personne de cette manière ? Nous soulevons des questions telles que : l'identité, le portrait, le reflet, le miroir, le double, la bidimensionnalité et la tridimensionnalité, le rapport entre le numérique et l'humain.
La matérialisation des réponses aux questions ci-dessus se reflète dans notre projet.
Nous avons décidé d'utiliser la broderie au lieu du crayon pour notre dessin. Une ligne qui prend du volume. Une ligne que l'on peut sentir, que l'on peut "voir". Nous nous sommes également tournés vers les imprimantes 3D afin de donner vie aux autoportraits d’une manière plus réaliste en faisant des bustes, qui peuvent aussi être touchés, être "vu" par les non-voyants.
Dans ce projet, nous faisons un lien très intéressant entre le numérique et l'idée du portrait, entre le numérique et une personne en situation de handicap. Comment une IA peut-elle dessiner le portrait d'une personne aveugle ? Comment un robot peut créer artificiellement ce qui n'a pas la même apparence que lui ? Peut-il créer le portrait d'une personne assise en face de lui ? L'intérêt réside dans le fait que la technologie (un robot créé artificiellement créé par une personne) aide une personne et crée de l’art. La technologie peut aider à surmonter les problèmes biologiques, et jusqu’où peut aller cette aide ?.
C’est grâce à ces questions que l’utilisation d’une IA se justifie, si une Intelligence Artificielle est dotée de capteurs et de caméras assez performantes, elle pourra alors discerner avec précision les traits physiques de son interlocuteur et de ce fait pouvoir créer un portrait de façon à ce que cette personne puisse avoir de la matière à toucher, afin de voir avec ses doigts.
C’est ici qu’une questions se pose alors :
Comment créer ce portrait ? Quel support ? Quelle technique ? Quel outil ?
En fait c’est assez simple, les moyens sont infinis, nous pouvons quasiment tout faire avec la robotique qui est commandée par l’IA à condition de pouvoir la mettre en œuvre.
Une IA est déjà capable de créer des portraits comme nous l’a prouvé PAUL, l’Intelligence Artificielle créée par Patrick Tresset, Paul, un robot constitué d'un bras articulé couplé à une caméra numérique motorisée capable de réaliser ses propres dessins. Paul, né en juin 2011, n'est pas un artiste comme les autres. Ce robot a été créé par Patrick Tresset, dans le cadre de son doctorat, au département informatique du Goldsmiths College de l'université de Londres.
Il y a aussi AxiDraw, un robot déjà vendu sur le marché qui dessine des portraits générés de façon algorithmique, portraits créés par Samer Dabra, c’est un programme personnalisé pour générer des dessins au trait impressionnant de personnes. La machine construit les portraits en utilisant quatre lignes simples dessinées dans les quatre couleurs CMJN
CMYK Portraits
Enfin nous avons Ai-Da, une femme robot humanoïde dotée d’intelligence artificielle, qui est capable de dessiner les visages de ses interlocuteurs.Son créateur, Aidan Meller, a eu l’idée de créer Ai-Da il y a huit ans et l’a nommée ainsi en hommage à la mathématicienne et pionnière anglaise de la science informatique, Ada Lovelace. En 2017, la conception de l’humanoïde a démarré dans les ateliers de la société de robotique Engineered Arts.
Des étudiants des universités de Leeds et d’Oxford ont quant à eux développé le cerveau du robot, composé d’algorithmes complexes. Grâce à ces programmes très élaborés, Ai-Da peut converser et choisir, sans l’aide de l’homme, les œuvres qu’elle souhaite dessiner.
« On ne sait pas ce qu’elle a en tête quand elle commence à crayonner. Il est impossible de prédire ce qu’elle va réaliser », poursuit le marchand d’art. Comme Ai-Da ne sait que tenir un crayon et réaliser des croquis simples, elle fournit, pour terminer ses œuvres, des indications à des peintres en chair et en os qui les appliquent au doigt et à l’œil.
Il existe déjà des robots capables de dessiner des portraits grâce à leur intelligence artificielle, composée principalement d’algorithmes, mais Ai-Da est la première à disposer de son propre corps. Elle dessine les portraits grâce à sa main mécanique dans laquelle elle tient un crayon.
Huit de ses dessins, vingt de ses peintures et quatre sculptures étaient exposés à l’université d’Oxford. Cette exposition originale, appelée Unsecured Futures (« futurs incertains »), donne une nouvelle voix au monde de l’art, selon le créateur d’Ai-Da. Au-delà de ses compétences artistiques, ce robot humanoïde est aussi capable d’entendre une conversation et de répondre à un interlocuteur. Ai-Da a d’ailleurs participé à une interview donnée à Paris Match. Durant cette première exposition, elle accueillait les visiteurs et pouvait discuter avec eux en employant des phrases préprogrammées.
Utiliser une IA est, en plus d'être rapide et semi-autonome, une solution qui nous permet d'étendre un sujet et une science qui est peu connue du grand publique, cela permet de sensibiliser dans un premier temps sur les handicaps mais aussi sur l'Intelligence Artificielle et comment nous pouvons allier les deux pour donner certains résultats convaincant.