Jusqu'où pouvons-nous aller dans la création d'un I.A totalement autonome artistiquement parlant ?

L’objectif sur le long terme serait de pouvoir créer une IA autonome sur le plan artistique, qui puisse avoir son propre style, sa propre manière de voir le monde et de pouvoir retranscrire tout cela dans son art. Une telle IA serait alors totalement différente de celles vu précédemment, car ce serait une IA forte, apprenant et pensant par elle-même, les prémices d’une telle prouesse se retrouve déjà chez OBVIOUS, un collectif français d'artistes travaillant avec l'intelligence artificielle et animés par une fascination pour la reproduction de la créativité, initié par Pierre Fautrel, Hugo Caselles-Dupré et Gauthier Vernier, ils découvrent les algorithmes du chercheur en deep learning, Ian Goodfellow portant sur les G.A.Ns, Generative Adversarial Networks, des réseaux neuronaux capables de générer des images ultra réalistes.

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"La Comtesse de Belamy" vendu 432 500$

Le collectif se posa alors une question :

L’intelligence artificielle peut-elle, oui ou non, nourrir une certaine forme de créativité ?

Pour OBVIOUS, la réponse ne fait aucun doute et ils comptent bien le prouver.
Fin 2017, le collectif génère sa première œuvre par algorithme, ⟪Le Comte de Belamy⟫. Aujourd’hui exposé à l’École 42, le tableau a été mis sur eBay pour 10 000 euros avant d’être acheté par Nicolas Laugero Lasserre, directeur de l’Institut des Carrières Artistiques (ICART) et collectionneur d’art. Pour parvenir à ce résultat, le collectif a nourri son algorithme de près de 15 000 portraits classiques peints entre le 15ème et le 19ème siècle, le style et les caractéristiques des images ont ensuite été analysés. Entre autres, un G.A.N est fait de deux systèmes neuronaux qui apprennent en entrant en compétition le “générateur” et le “discriminateur”.

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...🤔...

Le « générateur » produit des images qui ressemblent à celles qu’il a reçues. En opposition, ce dernier propose au « discriminateur » de faire la différence entre les images sorties de la base de données originelle et les images produites par le générateur. Une fois que le générateur a réussi à « tromper » le discriminateur, on obtient le résultat final. Si cet entraînement prend quelques jours, il leur aura fallu 6 mois pour parvenir à un résultat artistique satisfaisant, résultat que l’IA signe d’elle-même avec une formule mathématique.

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wow les maths c'est compliqué, ils sont où les chiffres ?

La toile Edmond de Belamy fût vendue à 432 500$ par la maison de vente Christie’s New York, cette toile devient la première œuvre générée par une IA à se frayer un chemin dans les hautes sphères de la vente aux enchères. Mais comme le dit Valentin Schmite :

“L’IA est un outil ! Elle remplace l’artiste autant que l'appareil photo remplace le photographe… Il y a des créateurs derrière elle.”

Car ici avec le collectif OBVIOUS, il y a quand même de la programmation derrière, il y a un “contact” humain, l’IA n’est qu’une “extension”, un outil qui sert à créer des oeuvres avec le moins de contact humain possible, mais comment faire pour enlever l’humain de l’équation ? L’algorithme mis au point par des chercheurs du Art & Artificial Intelligence Lab (AAIL) de l’université de Rutgers (New Jersey) et de Facebook a généré des œuvres avec un sens esthétique propre. Leur « algorithme créatif », AICAN, est à base de « réseaux de neurones adversariels créatifs » ou CAN (Creative Adversarial Networks) dérivés des réseaux de neurones adversariels génératifs (GAN).

AICAN est ainsi capable de dire si une nouvelle image du générateur est ou non identifiable à un style artistique connu. De quoi créer des œuvres originales.Outre la performance inédite, ces développements donnent à réfléchir sur l’apprentissage en tant que tel : le processus créatif humain ne passe-t-il pas lui aussi par l’imitation, consciente ou inconsciente, avant des phases d’exploration qui ont ensuite conduit au cubisme ou au fauvisme par exemple. Outre de nouvelles possibilités en histoire de l’art, avec une analyse approfondie des styles et de leurs caractéristiques, une IA pourrait donc bien être capable d’apprendre à peindre, à sa façon, en toute autonomie. En tout cas à produire des images de peinture qui surprennent et ne laissent pas indifférent.

Il se pourrait, dans un avenir proche, qu’une IA puisse avoir conscience de l’environnement qui l’entoure et puissent créer une œuvre d’art, qui porte la vision de la machine à l’Homme.